Comment se sentir si loin tout en étant virtuellement si près. Comment être physiquement si loin et pourtant si près. La distance cette année fût grandement mise en évidence. On pu l’apprécier plus que jamais, elle fut si grande, vécue de près.
On pu aussi y voir que comme sans vouloir y croire elle s’avéra suspendu au monde du relatif. S’étirant, tel le temps, dans cette équation scientifique. Plus on est proche et plus s’éloigner est lourd, chaque centimètre est loin, infini. Chacun de ces pas qui nous sépare de cette accolade avec un ami, chaque souffle pris en s’éloignant d’un être cher, chaque sourire couvert pour se protéger; nous on fait sombrer dans la désolation et l’isolement. La distance, chaque jour plus sentie, l’impuissance tapie dans les maisons.
La distance, la vraie, l’éloignement, n’a jamais, lui, parue si mince. Être à l’autre bout de la Terre signifie être aussi près de son parent que le voisin d’à côté. C’est à n’y rien comprendre, se rapprocher du loin n’a jamais été si facile. Mais qu’elle est donc cette distance, qui se ressens si fortement lorsqu’elle est dite minimale et qui ne se ressens presque plus lorsque justifiée par son étendue.
Mais la nouvelle distance ne serait-ce pas plutôt celle dans nos regards, dans nos échanges, dans nos paroles. Ce que l’on omet d’y déceler, volontairement ou non, afin de se préserver. Ce que l’on préfère ne pas dire pour éviter de faire souffrir, ne souffre-t-on pas assez comme cela? Ce que l’on ignore volontairement, l’entendre m’accablerait d’une responsabilité, ça serait encombrant.
Au téléphone, par vidéo, dans le monde réel, par la fenêtre de l’auto, la vraie distance elle est là: On choisit d’ignorer la détresse, la souffrance et la peur ; nous n’avons plus la force, plus les ressources, plus l’équilibre. C’est chacun pour soi car tout le monde vit de la détresse, le réseau quant à lui s’affaisse et tout le monde stresse. L’isolement devient grand, et on perd les mots pour décrire ce qu’on ressens en dedans, à quoi bon. À quoi bon? Personne ne veut les entendre, on préfère nous ignorer ou nous traiter comme des cons.
C’est la prochaine génération, les jeunes adultes: on est sacrifiés, ignorés, abandonnés. Anxiété et dépression c’est tellement courant pour nous, les pilules c’est comme des bonbons. On en prend depuis qu’on est ados, la vie on en a déjà plein le dos. Maintenant c’est l’isolement, on sera vu comme faible si après on ne reprend pas notre élan, mais, attends, as-tu vu comme on est brisé en dedans? L’accroissement économique, les études, l’immobilier, tout ça c’est beau, mais ,nous, on est fauché, tu vois, nos jobs, elles ont toutes fermées, c’est ça le hic.